Cameroun. Près de 68% des professionnels de santé prescrivent des substituts de lait maternel

Au Cameroun, les freins à l’allaitement maternel sont légion. Et les professionnels de santé n’y sont pas étrangers à cause d’une insuffisance de la promotion du lait maternel par ceux-ci, à en croire la secrétaire générale adjointe de la Société camerounaise de pédiatrie (SCP). En effet, « Une étude menée par le ministère de la Santé publique a montré que près de 68 % des professionnels de la santé sont des prescripteurs des substituts de lait maternel », déplore Dr Clémence Vougmo. C’était dans les colonnes du quotidien bilingue national Cameroon Tribune. Malheureusement, difficile de se procurer cette étude au ministère de la Santé publique (Minsanté).

Quoi qu’il en soit, « Les bébés qui reçoivent les substituts de lait maternel sont exposés à faire des infections graves et potentiellement mortelles. Notamment les infections gastro-intestinales », poursuit la pédiatre. C’est que, le Cameroun est loin d’atteindre l’objectif fixé par l’OMS à tous les pays d’atteindre un taux d’allaitement maternel exclusif des enfants de zéro à six mois d’au moins 50 % d’ici 2025.  Et parmi les freins à l’atteinte de cet objectif, il y a la violation « à large échelle » de la loi portant réglementation du code de commercialisation des substituts de lait maternel par les promoteurs et autres parties prenantes. « La violation de cette loi fait en sorte qu’il est très difficile pour nous d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés », regrette cette dernière.

Et pour ne rien arranger les fausses croyances telles que le mythe du lait gâté. « Je tiens à rassurer que le lait de la maman ne se gâte pas et le plus souvent ce sont les coliques du nouveau-né. Il y’a aussi le complexe de femmes qui refuse d’allaiter leur bébé au sein soi-disant qu’elles ont peur que les mamelles tombent ou soit que le physique change, tout ceci est psychologique et le plus souvent nous les mettons en confiance et encourageons la maman à mettre son bébé au sein », fait savoir dans les colonnes du journal L’œil du Sahel, Jacqueline Maïpa, major au service de pédiatrie à l’hôpital régionale de Garoua.

Soit. Les mamans sont aussi convaincues de ce que le fait d’avoir des rapports sexuels avec son partenaire, etc. « Ce qui fait en sorte que les mamans vont arrêter de donner le lait à leurs bébés et ceci va souvent aboutir au décès de leurs enfants. Ces croyances sont erronées, sans fondement, sans vérité. L’ignorance et l’insuffisance des parents sur la sensibilisation, de la communauté sur les bienfaits de l’allaitement maternel sur ces croyances erronées font que nous n’arrivons pas à atteindre un taux d’allaitement acceptable », regrette le Dr Clémence Vougmo.

A noter qu’en cas d’insuffisance du lait maternelle, l’enfant court le risque de tomber dans la dénutrition. Cet état de dénutrition se manifeste par les maladies comme le marasme et le Kwashiorkor. Si la pathologie n’est pas traitée cela peut entrainer la mort de l’enfant. « Nous conseillons à toutes les femmes de pratiquer l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 6mois. Pour le nourrisson, les fréquences ne sont délimitées. On peut donner le lait à l’enfant autant de fois qu’il le demande. Que ce soit durant la journée ou la nuit, l’enfant peut et doit téter », martèle Djoulde Wanne, responsable du Centre Nutritionnel Thérapeutique en Interne (Cnti) à l’hôpital régional de Garoua.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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