Cameroun. Plaidoyer pour la révision de la loi sur l’avortement
(Lurgentiste.com)- La Société des Gynécologues et Obstétriciens du Cameroun (SOGOC) veut que la loi sur l’avortement soit revue au Parlement. Elle plaide d’une part, pour la relecture des articles 337 et 338 du Code Pénal camerounais de 2016 sur l’avortement. Ceux-ci sont relatifs aux peines et amendes infligées à une femme qui se procure elle-même cette pratique et qui y consent et à celui qui offre ledit avortement. Et d’autre part et surtout, des alinéas 1 et 2 de l’article 339 ayant trait aux exceptions.
Lesquels stipulent respectivement que « les dispositions des articles 337 et 338 ci-dessous ne sont pas applicables si les faits sont accomplis par une personne habilitée et justifiés par la nécessité de sauver la mère d’un péril grave pour santé »; et que, « En cas de grossesse résultant d’un viol, l’avortement médicalisé ne constitue pas une infraction s’il est effectué après attestation du Ministère public sur la matérialité des faits ».
Arguments
D’après la Cellule de de Communication du ministère de la Santé publique, la SOGOC soutient que « ces textes ne sont pas clairs et ne facilitent pas une prise rapide de décision face à un cas ». Aux yeux de ces professionnels, c’est ce qui justifie le nombre important des avortements clandestins. Conséquence, 30% de femmes meurent chaque année des suites d’un avortement non sécurisé. Ce chiffre pourrait être réduit si l’on accordait le droit de l’avortement dans certains cas, soutient la SOGOC.
En d’autres termes, qu’on permette aux professionnels de pratiquer les avortements médicalisés. Selon eux, l’une des solutions majeures à cette situation consisterait donc à revoir ces textes. Ce d’autant plus que le protocole de Maputo adopté sous l’égide de l’Union africaine et ratifié par le Cameroun en 2009 autorise « avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».
Fin de non-recevoir
Ce sont ces arguments qu’une délégation de cette société savante conduite par le Pr Nelson Fomolu est allée présenter à Manaouda Malachie ce 10 novembre à Yaoundé. Ces professionnels ont donc sollicité de l’autorité tutélaire de la Santé, son plaidoyer au Parlement camerounais. Le ministre leur a opposé une fin de non-recevoir, arguant que « Nul n’a le droit de ôter la vie à un Être humain ».
Si pour Manaouda Malachie les arguments de la SOGOC sont « défendables », ils constituent néanmoins « une porte de Pandore qui ouvrirait la voie à d’autres problèmes ». Pour l’heure, « il conviendrait d’agir sur d’autres leviers en vigueur au Minsante : chantier de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale », ajoute-t-il. Par ailleurs, la SOGOC devrait plutôt s’investir dans la sensibilisation des populations pour le changement des comportements sexuels a souligné le ministre.
Pour rappel, « Est punie d’un emprisonnement de quinze (15) jours à un (01) an et d’une amende de cinq mille (5000) à deux cent mille (200 000) francs ou de l’une des deux peines seulement, la femme qui se procure l’avortement à elle-même ou qui y consent », article 337, alinéa 1. Celui 2 lui stipule que : « Est puni d’un emprisonnement de un (01) an à cinq (05) ans et d’une amende de cent mille (100 000) à deux millions (2 000 000) de francs, celui qui, même avec son consentement, procure l’avortement à une femme ».