Cameroun. Les hôpitaux sont peu préparés aux épidémies de choléra

C’est ce que révèle une étude menée en 2016 à l’Extrême-Nord et au Littoral par BMC Health Services Research.  

 

La conclusion de BMC Health Services Research est sans appel. « Le niveau de préparation des établissements de santé au Cameroun à la riposte aux épidémies de choléra présente de nombreuses faiblesses ». Selon l’étude menée en août 2016 et intitulée : « Préparation des établissements de santé à la lutte contre les épidémies dans quatre districts du Cameroun exposés au choléra: une étude transversale », ces faiblesses sont présentes dans le manque de matériel et de ressources de base pour la surveillance et la gestion de cas, d’un faible accès à WaSH (Eau, assainissement et hygiène: Ndlr).

Avec pour objectif d’évaluer le degré de préparation des établissements de santé à faire face à une épidémie de choléra dans quatre districts du Cameroun exposés au choléra, elle a été réalisée dans les Districts de Santé (DS) de Kousseri, Mada, Deido et Nylon. Ceux-ci ont été sélectionnés parce qu’ils étaient les DS urbains (Deido et Nylon) et ruraux (Kousseri et Mada) les plus touchés au cours des dix épidémies de choléra au Cameroun, explique l’étude.

Principales constatations

Au total, 134 établissements de santé ont été évalués. Soit 26 (19,4%) dans la région de l’Extrême-Nord (Kousseri et Mada) et 108 (80,6%) dans la région du Littoral (Deido et Nylon). Dans les principales constations, l’étude révèle que la préparation en matière de surveillance était limitée avec 13 établissements de santé (50%) dans le Grand-Nord et 22 (20%) dans le Littoral ayant un guide de définition des cas de choléra. « Les SRO (Solution de réhydratation orale: Ndlr) pour la gestion des cas étaient présents dans 8 (31%) établissements de santé du Grand-Nord et dans 94 (87%) établissements du Littoral », peut-on y lire.

L’on apprend aussi que moins de la moitié des établissements de santé appliquaient un protocole de lavage des mains et 7 (5,1%) ne disposaient d’aucune source d’eau potable ni de sources non améliorées comme le lac. « Au total, 4 établissements de santé (3,0%), tous situés dans la région de l’Extrême-Nord, ne disposaient pas de toilettes », précisent les chercheurs.

Disparités et conclusions

Au cours de cette étude, des disparités criardes ont été observées par l’équipe de chercheurs. Alors que les DS de Deido et Nylon sont par exemple mieux lotis en termes d’accès à certains produits de première nécessité tels que l’eau, le réseau routier, l’électricité, les soins de santé, Kousseri et Mada sont caractérisés par de mauvaises routes, un accès limité à l’électricité, une longue distance entre le domicile et les centres de soins de santé et un accès limité à de bonnes sources d’eau.

En plus, Kousseri et Mada sont en partie touchés par le terrorisme et les mouvements de Boko Haram. Et dans la mesure où certains établissements de santé situés dans ces DS ont accueilli des patients de pays voisins comme le Tchad et le Nigéria, « Cela les rend plus vulnérables à l’importation de cas de choléra », indique l’étude. Celle-ci de conclure que, « S’ils ne sont pas traités maintenant, ces établissements pourraient ne pas être en mesure de jouer leur rôle en cas d’épidémie et pourraient même devenir des milieux de transmission ».

A noter que le choléra reste un problème de santé publique au Cameroun. Depuis 1971, plusieurs épidémies ont été enregistrées avec les plus récentes en 2014, 2015 et 2018. Selon les statistiques, entre 2000 et 2012, un total de 43474 cas de choléra ont été signalés au Cameroun, dont 1748 décès. Soit un taux de létalité d’environ 4,0%. Les Districts ruraux les plus touchés se trouvaient dans la région de l’Extrême-Nord, tandis que ceux urbains les plus touchés se trouvaient à Douala. Le risque d’épidémie de choléra au pays demeure élevé à cause entre autres, d’un accès limité à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WaSH).

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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