Cameroun. Les évêques font le procès moral de la procréation médicalement assistée
(Lurgentiste.com)– La Loi sur la Procréation médicalement assistée (PMA) adoptée à l’Assemblée nationale en juin dernier n’est pas du goût de l’Église catholique romaine au Cameroun. La Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), le plus important regroupement des évêques de cette religion juge « peccamineux, inacceptables et illicites » la PMA. Dans une déclaration rendue publique le 8 août dernier, ces dignitaires catholiques s’attaquent à cette pratique et dénoncent la fécondation in vitro (FIV). « La pratique de la fécondation extracorporelle ou FIV et transfert d’embryon est particulièrement condamnée par l’Église », affirment-ils.
Pour Mgr Andrew Fuanya Nkea, archevêque de Bamenda et président de la CENC, donner la vie à un enfant est un don et une bénédiction de Dieu selon la tradition biblique. En d’autres termes, la vie humaine « naissante est marquée par le sceau de la sacralité ». Elle ne saurait donc faire l’objet d’une quelconque « manipulation artificielle », soutiennent les évêques du Cameroun.
Du point de vue de l’Église catholique, la PMA qui relève de l’ordre du péché est répréhensible. « Nous sommes pour le don et la transmission naturelle, normale de la vie. Sans manipulation. Le problème c’est la manipulation, les techniques et procédés qui l’accompagnent », explique un prêtre contacté. Ces hommes de l’église déplorent la « légalisation, l’artificialisation et les manipulations non acceptables dans le domaine de la Procréation médicalement assistée ».
C’est que, l’intervention des techniques d’aide à la procréation se substituant à l’acte conjugal comme moyen de concevoir un enfant, la PMA devient par conséquent « moralement illicite et n’est pas conforme à l’intention de Dieu sur la vie humaine ». Parce qu’entre autres, elle dissocie l’acte conjugal de la procréation, adoube l’avortement, légitime l’infanticide et l’euthanasie. De plus, les pratiquants de la PMA se rendent même coupables d’homicides volontaires. « La plupart de ces techniques d’aide à la procréation bafouent à grande échelle la dignité de la personne humaine en l’instrumentalisant. Ce qui pose de graves problèmes éthiques et doctrinaux », critiquent les évêques.
Pour eux, « Si le désir de procréer est légitime et bibliquement justifié, il ne légitime pas pour autant tous les moyens d’obtenir un enfant. Autrement dit, l’enfant n’est plus un don de Dieu qu’on accueille, mais un droit qu’il faut obtenir, voir produire à tout prix et à tous les prix ». Mgr Fuanya Nkea et ses confrères prescrivent donc le rejet de la fécondation artificielle, le refus catégorique de la « fabrique » et de la marchandisation de l’embryon humain, la promotion du droit à la vie et à l’intégrité physique entre autres.
Par ailleurs, « L’Église encourage ces couples à assumer l’échec d’une stérilité irrémédiable » et « les invite à s’en tenir au seul procédé humain de substitution valable, celui de la procédure d’adoption de nombreux orphelins qui ont besoin d’un foyer domestique pour leur adéquate croissance », concluent les évêques.
Au sein de la classe médicale elle, ceux interrogés reprochent aux évêques de ne pas opposer des arguments scientifiques à cette loi et que la pratique de la PMA est encadrée par l’éthique au Cameroun. « La science évolue pour aider l’humanité. Ils parlent des choses que nous ne réalisons pas ici. La loi a été votée à l’assemblée nationale. Qu’ils aillent à l’Assemblée en débattre», a indiqué l’un des acteurs impliqués dans la pratique de la PMA.