Cameroun. Les centres de santé clandestins risquent des poursuites judiciaires

(Lurgentiste.com)– Sur plus de 3400 formations sanitaires privées que compte le pays, la moitié est en situation irrégulière. C’est ce qu’affirme le ministère de la santé publique. « Il y a des formations sanitaires qui ont un exercice non conforme. Il y a des centres qui ont une autorisation de création mais pas une autorisation d’ouverture. Il y a des centres qui n’ont même pas un dossier dans les services du ministère de la Santé publique », explique le Pr Eugène Sobngwi, responsable de la Direction de l’Organisation des soins et de la technologie sanitaire (DOSTS) au Minsanté.  En d’autres termes, ces Centres de santé n’ont ni autorisation de création, ni autorisation d’ouverture.

Par conséquent, exercent dans l’illégalité, y mènent des « pratiques médicales dangereuses » et « la distribution illicite des produits pharmaceutiques », énumère le Minsanté. Plus inquiétant, « Cette situation est d’autant plus susceptible de compromettre gravement la santé des populations ». En effet, elle « entraîne d’une part un nombre important de décès chez les femmes enceintes à cause des références tardives des formations sanitaires initiales, et d’autre part, un afflux de cas de patients arrivés très tardivement dans les formations sanitaires de référence, et présentant des complications graves de mauvaises pratiques médicales », dénonce Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.

Dans un communiqué publié ce mercredi 20 juillet, Manaouda Malachie a annoncé le début dans «les prochains jours», d’une «vaste campagne d’assainissement de la carte sanitaire sur toute l’étendue du territoire national». Cette opération sera assortie de poursuites judiciaires à l’égard des contrevenants aux lois et règlements en la matière. Elle vise à traquer les centres de santé clandestins. Le ministre accuse d’ailleurs les promoteurs d’avoir « ouvert une sorte de cagibi qui tient lieu de formation sanitaire ». A travers cette campagne, le ministère dit s’inscrire dans une démarche de qualité de tous les soins de santé. Mais bien plus, « Nous avons besoin d’un privé qui nous tire vers le haut », confie une source à la Dosts.

Pratiques médicales dangereuses et mise en garde

En réalité, cette campagne fait suite à une «recrudescence» de ces structures observée par les services techniques compétents du Minsanté dans les grands centres urbains du Cameroun, fait savoir l’autorité tutélaire de la santé au Cameroun. Ajouté à ceci, des pratiques médicales dangereuses. Il ne manque donc pas de mettre en garde les populations contre le recours à ces centres, dont les pratiques «contribuent à accroître la mortalité maternelle et le nombre de patients hémodialysés dans nos formations sanitaires, de même que de nombreuses autres conséquences pour la santé».

Mais, ce n’est pas la première fois que les officiels de la santé tentent de contenir ce phénomène. Les années antérieures, il s’est juste agit des annonces sans actions sur le terrain. Pour cette fois, Manaouda Malachie précise que cette campagne se fera en liaison avec les différents ordres professionnels existants, à qui il demande «de s’investir pleinement dans cette opération de lutte pour la sauvegarde de la santé des populations camerounaises ». Est-ce un gage de réussite ? Les prochains jours nous le diront. Entre temps, « Les prochaines demandes de création des formations sanitaires vont se rediriger vers les régions ou les localités qui ont moins de formations sanitaires pour pouvoir équilibrer sur l’ensemble du territoire la création des formations sanitaires », a déclaré le ministre.

A noter qu’en août 2019, l’ONMC dénombrait un peu plus de 3 400 formations hospitalières privées à travers le pays évoluant en marge de la réglementation ou n’ayant pas d’existence légale. Les griefs retenus contre ces structures informelles sont entre autres : le manque de personnels formés, l’absence de plateaux techniques adéquats, la pratiques et les conditions d’hygiène douteuses (avortements, accouchements, opérations chirurgicales à risque, etc.).

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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