Cameroun/Lancement de la CSU. Ce ne sera plus au 1er semestre 2021

Les autorités sanitaires invoquent l’absence de la loi sur la CSU pour justifier ce nouveau report de la mise en oeuvre de ce projet voulu par le Président de la République Paul Biya et annoncé depuis 2017.

La date de lancement de la Couverture santé universelle (CSU) au Cameroun vient de connaître un nouveau report. Initialement prévu en janvier 2020, puis renvoyé au premier semestre 2021, « le rendez-vous pourra connaître un petit retard », a indiqué Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique (Minsanté). Pourtant, le 27 août 2020, ce premier semestre de l’année 2021 avait été retenu par la Société Santé universelle Cameroun (Sucam), entreprise chargée de l’implémentation de la CSU en terres camerounaises, comme trimestre de réalisation et de mise en exploitation de ce projet annoncé depuis 2017.

« J’ai d’abord parlé du premier semestre 2021 », reconnaît l’autorité tutélaire de la santé. Mais, « Nous aurions voulu qu’on ait déjà institué la loi sur la couverture santé universelle. Ce projet de loi a été élaboré par le gouvernement et nous pensons que lors des prochaines sessions parlementaires, le président de la république pourra transmettre cela au parlement », explique-t-il. En effet, c’est la loi qui devait au préalable être adoptée, avant la mise en place de la structure de gestion. Devait par la suite suivre, la sélection du prestataire. Mais, Sucam, ses partenaires et les autorités sanitaires camerounaises ont fait le choix d’inverser la procédure. Entre temps, un logiciel CSU a été présenté le 17 décembre dernier au Minsanté.

Il regroupe l’ensemble des fonctionnalités qui pourront permettre la mise en œuvre de cette importante solution aux problèmes de santé des camerounais, voulu par le chef de l’Etat Paul Biya. Ce logiciel comporte 23 modules, dont celui de l’enrôlement. Lequel permettrait l’identification de tous les bénéficiaires de la CSU (base de données). « Sans ce module et l’identification de tous les bénéficiaires de la CSU, on ne peut pas avoir de bases de données pour démarrer les opérations », a précisé Jacqueline Mekongo, DG de la société Sucam. Sa présentation sera faite au parlement au cours de la session parlementaire de mars 2021. Mais avant, il a été recommandé à cette entreprise l’obligation d’inscrire les groupes sanguins sur les cartes CSU, la catégories (réfugiés, expatriés, indigents), l’annulation des frais de délivrance de cette carte.

Matériel d’enrôlement attendu mi-janvier

En décembre dernier, le ministre se félicitait de ce que les datas Center, élément essentiel dans la mise en place du dispositif, soient déjà à 50% des travaux de construction « dans l’espoir que d’ici un ou deux mois, ces travaux soient achevés ». Selon lui, le matériel d’enrôlement desdits data center « a été commandé et devrait normalement arriver au Cameroun mi-janvier ». Et donc, « Tout est presque prêt. Nous attendons seulement l’aboutissement de la loi », a déclaré le Minsanté.

Quoi qu’il en soit, au regard de ce que les ménages camerounais continuent de ployer sous le poids des coûts astronomiques des dépenses de santé (avec 6,46% de la population camerounaise couverte par un mécanisme de protection sociale en santé), il demeure donc primordial d’implémenter la CSU. Et pour cette année 2021, « Nous allons rentrer de plein-pied dans l’implémentation de la CSU. Je ne doute pas un seul instant que Sucam est à la hauteur. Nous veillerons à ce que les choses se passent très bien », a rassuré Manaouda Malachie.

En rappel, la première phase qui va de 2021 à 2025 couvrira d’après les prévisions, les enfants de 0 à 5 ans, les femmes enceintes et les patients couverts par les programmes de santé (paludisme, tuberculose, Sida, diabète, etc). Pour celle-ci, sont prévues entre autres, la construction, réhabilitation et l’équipement des formations sanitaires avec des logements d’astreinte pour le personnel de santé ; l’acquisition des motos, tricycles et ambulances, l’organisation des activités de la réforme hospitalière et la sensibilisation des populations.

A noter que la CSU se présente comme un ensemble de mécanismes intégrant à la fois l’organisation du financement de la demande de soins et de protection sociale en santé, et la disponibilité des soins de santé de qualité à l’échelle nationale, sur la base des principes directeurs que sont l’universalité, la solidarité nationale, la responsabilité générale de l’Etat et l’affiliation obligatoire.

D’après Manaouda Malachie, son défi majeur se résume ainsi qu’il suit : «Parvenir à déployer des ambulances au quotidien pour secourir des personnes en situation de mal-être, organiser un accueil et une prise en charge rapide, efficiente, de haute technicité dans nos urgences, et réussir à mobiliser les spécialistes les plus pointus, aux fins d’interventions d’extrême délicatesse».

 

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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