Cameroun. Le casse-tête de la disponibilité des donneurs de sang

(Lurgentiste.com)– Au Cameroun, une poche de sang coûte officiellement entre 16 000 et 17 000 Fcfa dans les hôpitaux publics. A côté, certaines banques de sang exigent des sommes supplémentaires qui représentent soit les coûts de l’analyse ou d’un perfuseur, soit les actes médicaux biologiques prévus par les textes de la santé. « Les examens faits sont le HIV, HBs, HCV, Syphilis, groupe sanguin, taux d’hémoglobine, tension artérielle, poids », informe notre source proche du dossier au Centre de transfusion sanguine de l’hôpital Central de Yaoundé. Ce qui fait que généralement, les familles peuvent débourser entre 17 et 25 000 Fcfa pour l’achat de cette poche de sang.

Pour rentrer en sa possession en cas de besoin, il faut surtout disposer de deux donneurs de remplacement en retour. Ce qui relève le plus souvent de la croix et de la bannière. Selon plusieurs responsables de formations sanitaires et au sein des familles, il n’est pas toujours aisé de les avoir. Les hôpitaux multiplient donc de stratégies à cet effet. « Dans notre formation sanitaire, nous ne disposons pas de banque de sang. Nous prenons directement chez votre donneur, nous testons et vous payez 17 000 Fcfa à la caisse », explique sous anonymat un directeur d’hôpital en service dans le Centre.

A l’hôpital Central, le procédé est différent. « Lorsqu’on n’a pas de donneurs disponibles, on les cherche. Si le patient est hospitalisé chez nous, on délivre d’abord la poche et on fait le recouvrement après. Si le donneur est hors de l’hôpital, on gère l’urgence au cas par cas en fonction du degré d’urgence, en espérant que la famille viendra restituer après et nous n’appliquons pas la caution », explique notre source proche du Centre de transfusion sanguine.

Du côté des familles, la litanie de plainte est différente. « Parfois, vous avez même vos deux donneurs voir trois mais vous payez plus que le prix indiqué », soutient Alain. Plus grave pour Marlyse, le fait qu’« On vous demande d’acheter un donneur à 10 000F si vous n’en avez pas, pour qu’on vous donne une poche. Pendant ce temps, votre malade est dans l’urgence et peut mourir ».  Autre difficulté, la disponibilité du groupe sanguin requis par l’acheteur.

« Il nous est arrivé d’avoir nos donneurs, notre argent mais qu’on nous dise dans plusieurs banques de sang de la ville que le groupe sanguin dont on avait besoin ( O rhésus négatif : Ndlr) ne soit pas disponible. Il fallait à ce niveau-là être juste patient et poster des amis pour faire le guet au cas où… », se plaint William. D’autres par contre, ont pu mobiliser un seul donneur et ont eu leur poche de sang sans tracasseries supplémentaires.

Anarchie

D’après plusieurs témoignages, la difficulté se pose aussi au niveau des prix d’une poche de sang. Le constat fait état de ce que qu’il n’est pas harmonisé dans tous les hôpitaux publics. Il varie d’un à un autre, selon que l’on se trouve en zone urbaine ou rurale ; dans les grandes métropoles ou non. Dans certaines Fosa de Yaoundé, vous l’aurez à 18 000F tandis qu’il sera à 20 ou 25 000 Fcfa à Douala ou à 15 000F à Maroua. « A ce niveau, c’est un peu l’anarchie. Beaucoup d’hôpitaux ont pris le point d’appui chez nous en essayant d’ajouter quelque chose », indique notre source précitée.

Cependant, « Il faut tenir compte du facteur coût d’analyse. Le taux fixé par l’Etat normalement est de 16 000 Fcfa. Le 2000 Fcfa de plus chez nous se justifie par ce qu’on appelle actes médicaux biologiques prévus par les textes de la santé », poursuit-elle. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, « Le plus grand problème n’est pas tant le coût de la poche mais plutôt la disponibilité des donneurs », reconnait une source au Centre de transfusion sanguine de l’hôpital Central.  Et celle-ci de poursuivre : « C’est pourquoi le CNTS (Centre national de transfusion sanguine : Ndlr) on l’espère, va résoudre le problème ».

A l’occasion de la 20e édition de la journée mondiale du donneur de sang le 14 juin dernier, le ministère de la santé publique a insisté sur la nécessité de donner de son sang pour sauver des vies. « Soyons tous des diffuseurs d’espoirs en donnant notre sang pour sauver des vies », a exhorté Manaouda Malachie. A noter qu’il faut que 1 à 3% de la population d’un pays soit des donneurs de sang pour satisfaire les besoins de base en sang d’une nation, selon l’Organisation mondiale de la Santé.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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