Cameroun. Gratuité de la prise en charge du VIH/Sida dès 2020

Olive Atangana
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L’annonce a été faite par les autorités sanitaires à l’occasion de la commémoration de la 32e journée de lutte contre cette maladie, hier 1er décembre 2019.

A partir du 1er janvier 2020, les services de prise en charge du VIH/Sida au Cameroun seront gratuits. Le président de la République, Paul Biya, a en effet décrété la gratuité de tous les services liés à la prise en charge de cette maladie, tel que l’a annoncé le ministre de la Santé publique le 1er décembre 2019 à Yaoundé. De manière détaillée, cette gratuité concerne les consultations, tests de dépistage, l’examen de charge virale et celui de résistance.

Lesquels viendront s’ajouter à la gratuité des antirétroviraux (ARV) en cours depuis mai 2007, grâce en grande partie aux financements du Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose. « Nous sommes contents mais est-ce que ce sera continuellement. La gratuité c’est beaucoup de chose mais va-t-elle continuer ? », s’interroge Mahamat, délégué régional Recap dans l’Adamaoua.

Le Cameroun a enregistré près de 19 000 nouvelles infections annuelles à VIH/Sida en 2018, selon le Comité national de lutte contre cette pandémie (Cnls). L’on apprend aussi de ce programme de lutte que la prévalence nationale actuelle est de 2,7%, contre 3,4% en 2018. Les autorités sanitaires se réjouissent par ailleurs de la mise sous traitement de près de 303 000 personnes au 30 juin 2019, contre 268 939 un an auparavant.

Bilan de l’objectif 90-90-90

Et le ministre de la Santé publique de se satisfaire de ces chiffres. Car, « 68% de ces personnes connaissent leur statut sérologique. Parmi elles, environ 70% sont sous traitement.  22% de personnes sous traitement ont fait un examen de charge viral pour 78% de charges virales supprimée », énumère Manaouda Malachie. Des chiffres qui marquent le bilan de l’objectif 90-90-90, conformément aux directives l’Onusida.

En effet, cet objectif auquel ont adhéré plusieurs pays comme le Cameroun prévoit que d’ici 2020, 90% de personnes dans le monde connaissent leur statut sérologique, 90% de celles qui connaissent leur statut sérologique ont accès au traitement avec les antirétroviraux et 90% de celles recevant le traitement ont leur charge virale indétectable.

De sources concordantes au Minsanté, c’est en raison du faible taux de ce dernier indicateur que cette gratuité a été déclarée. Le but ici, est «De donner un coup d’accélérateur à cet indicateur », explique notre source. « Nous disposons d’outils qui rendent possible une sortie de l’épidémie dès 2030. Cependant, beaucoup d’efforts restent à faire », indique le Minsanté. Notamment, l’attente des 95-95-95.

Néanmoins, « Notre grande préoccupation reste et demeure la situation des enfants  et des adolescents», où la maladie «fait encore rage et particulièrement chez les jeunes filles», déplore ce dernier. Aussi, le programme de lutte connaît, depuis janvier dernier, des tensions voire des ruptures de stocks en produits traceurs.

Schéma thérapeutique idéal

En mars 2019, une équipe de chercheurs de l’Agence nationale de recherche sur le sida (Anrs), appuyés par Unitaids, a rendu public les résultats d’une étude dénommée «Namsal» (New Antiretroviral and Monitoring Stratégies in HIV-infected Adults in Low-Income Countries).

Elle était destinée à comparer l’efficacité de deux molécules utilisées dans le traitement de première intention chez les personnes séropositives pour les pays en voie de développement. Cette étude a ainsi permis de définir un schéma thérapeutique réputé idéal pour les pays à faibles revenus car, moins cher et représentant une meilleure réponse dans le traitement.

La Journée mondiale de lutte contre le Sida, célébrée hier 1er décembre 2019 était placée sous le signe de l’aide à la recherche pour améliorer les traitements, la garantie de l’accès aux droits et aux soins, le combat contre les discriminations et la précarité.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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