Cameroun. Détails des grands chantiers sanitaires du Minsanté en 2023

(Lurgentiste.com)- Au Cameroun, les chances de survie des prématurés sont fonctions de la catégorie à laquelle ils appartiennent et surtout, sont minces. Ceci, en raison des plateaux techniques très limités pour pouvoir les prendre en charge. D’après le Pr Anne Njom Nlend, une récente étude faite dans 4 formations sanitaires de Yaoundé a révélé un taux de prématurité au cours des dernières années de 14% au Cameroun. « Ce qui représentera à peu près 140 mille nouveaux nés qui pourraient être concernés par ce problème au Cameroun. C’est donc un problème de santé publique », explique cette pédiatre-néonatologiste.

Et ce n’est pas tout. « Sans donner des chiffres, ce qu’on sait c’est que dans la ville de Yaoundé, sur à peu près 18 000 accouchements, on avait une prématurité de 14%. Ça veut dire que si on attend un million de naissances au Cameroun on s’attend à 40 000 prématurés ». Pour ne rien arranger, le déficit de couveuses se pose avec acuité dans les formations sanitaires. « C’est pourquoi vous allez voir à cause de ce déficit de couveuse, vous allez passer dans des services où il y a deux à trois enfants par couveuses. Ce qui est anormal. Si vous allez dans deux ou 4 maternités, vous allez trouver des incubateurs ou 4 ou cinq sont en panne », révèle l’ancienne directrice de l’hôpital de la CNPS.

Fort de ce tableau peu reluisant, le ministère de la santé publique (Minsanté) ambitionne dans ses actions à mener au cours de l’année 2023, de vulgariser la méthode Kangourou pour la prise en charge des enfants prématurés ou de faibles poids à la naissance. C’est à travers le Programme 048 : « Prise en charge des cas » qui se voit doter de 53 milliards de F. Le pays y est engagé depuis 2021. C’est une méthode qui constitue une alternative au déficit de couveuses dans les opitaux et donne des résultats « suffisants ». Selon les chiffres officiels, 20 000 nouveau-nés décèdent chaque année au pays. La prématurité et de l’insuffisance pondérale parmi les facteurs de risque de cette mortalité néonatale.

Distribution des Milda

Grâce à cet argent, le Minsanté veut aussi renforcer la disponibilité des kits obstétricaux et poursuivre l’amélioration des plateaux techniques pour une meilleure qualité et disponibilité des soins néonataux. Le Programme 045 : « La prévention de la maladie » aura 47 milliards de Fcfa. Ces ressources financières serviront à réduire la mortalité prématurée dues aux maladies évitables par la prévention. Il sera notamment question de maintenir en dessous de 5%, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant ; de renforcer la prévention des maladies chroniques non transmissibles et finaliser la campagne de distribution gratuite des Moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (Milda) dans les deux régions restantes (Centre et Sud-Ouest).

La plus petite enveloppe qui revient au Programme 046 : « Promotion de la santé et nutrition », (3 milliards de F), aidera entre autres à intensifier la mobilisation communautaire en faveur du don volontaire du sang et renforcer la lutte contre les grossesses précoces et indésirées. De manière générale, la plus grosse répartition va revenir au Programme 047 : « Renforcement du système de santé (67 milliards). Spécifiquement, il sera question pour ce programme via sa dotation, de démarrer la Couverture santé universelle à travers la sensibilisation, la mobilisation et l’enrôlement des populations et des acteurs majeurs du processus.

Il lui incombe aussi d’améliorer l’offre de soins et service de santé à travers le développement des infrastructures et l’acquisition des équipements de qualité pour le relèvement des plateaux techniques, avec l’implication des Collectivités territoriales décentralisées. Participer au développement de l’industrie pharmaceutique locale et de la médecine traditionnelle et redynamiser le système national d’approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux à tous les niveaux aux meilleurs prix, réduisant ainsi les jours de rupture de stocks n’est pas en reste.

Recrutement de 25000 personnels de santé

Le Minsanté veut renforcer la disponibilité des ressources humaines de qualité dans les formations sanitaires du pays. C’est l’une des actions qu’il compte mener dans son Programme 049 : « Gouvernance et pilotage stratégique du secteur santé » estimé à 56 milliards de Fcfa. Ce département ministériel mène ainsi un plaidoyer pour le recrutement de 5000 personnels de santé par an, sur cinq ans. Ce « qui devait arriver à nous faire recruter 25 000 personnes. Nous pensons que si on fait ce recrutement, on pourrait quand même souffler un peu », a indiqué Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.

Dans ce programme, les fonds seront aussi dépensés pour le démarrage de la phase 1 de la CSU, axée essentiellement sur la politique de gratuité et de subvention en 2023, au profit des femmes enceintes, femmes allaitantes et des enfants de moins de cinq ans. La lutte contre le faux médicament et le trafic illicite des produits pharmaceutiques et le renforcement de la surveillance du marché sont des actions qui seront aussi menées ici. Globalement, « Les priorités 2023 sont la santé de la mère et de l’enfant, c’est la lutte contre les épidémies, le paludisme, le VIH, la tuberculose et les maladies évitables par la vaccination. C’est également la recherche des mécanismes de financements innovants de la santé en vue de l’implémentation de la couverture santé universelle. Tout au moins en termes de phase pilote pour que personne ne soit laissé de côté », a déclaré le Minsanté.

Pour rappel, l’enveloppe budgétaire de ce ministère pour l‘exercice 2023 s’élève à 228 milliards 168 millions de Fcfa. Elle est en augmentation de 17 milliards 234 millions de F, par rapport à celle de 2022 (210 milliards, 934 millions). Soit 8, 17% en valeur relative (Soit 5% l’année dernière). Le fonctionnement s’arroge la somme de 182 milliards tandis que 45 milliards seront affectés à l’investissement. Ce département ministériel fait ainsi parti des neuf ministères qui se partagent près de 30 % (29,64%) du budget prévisionnel du Cameroun qui s’élève à 6 345,1 milliards de FCFA.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *