Cameroun. Ces jeunes médecins qui font la différence

(L’urgentiste.com)- Les médecins n’ont pas bonne presse au sein de l’opinion publique. Tant la majorité brille par des dérives qui ternissent l’image de la profession. Fort heureusement, certains se démarquent de ce tableau peu reluisant et impactent positivement les populations par des actions de sensibilisation et de promotion de la santé. A l’occasion de la fête nationale de la jeunesse, votre journal en ligne met en lumière dans une liste non exhaustive, le travail de quelques-uns qui maintiennent la flamme à travers cette passion pour le métier et le bien-être des populations qui les caractérisent. Visages et faits d’arme de ceux-ci.

 

Dr Patrick Ngou : le pédiatre 2.0

« Venez découvrir la pédiatrie autrement ». Tel est le slogan du Dr Patrick Mfopou Ngou sur sa page Facebook. Elle compte près de 5000 abonnés et est animée par ses bons soins. A travers celle-ci et ses autres plateformes numériques, le chef du service de pédiatrie à l’hôpital de district de Kribi y fait la promotion de la santé infantile. Son contenu riche et diversifié va des conseils pour un meilleur suivi des enfants malades aux recettes pour faire la bouillie des nourrissons, en passant par des appels à l’endroit des âmes de bonne volonté pour l’acquisition du matériel de travail dont il ne dispose pas (le cas d’une couveuse il y’a peu) et des consultations gratuites en ligne. Les sujets comme l’obésité de l’enfant, les bienfaits de l’allaitement maternel, la réanimation néonatale, la prématurité, la purge des enfants, la problématique des agressions sexuelles sur les enfants, les traumatismes qui en découlent ne sont pas en reste. « C’est un médecin qui est convaincu que la médecine ce n’est pas seulement prendre l’argent des patients mais c’est surtout apprendre aux patients à ne pas très souvent revenir à l’hôpital. Donc il a une approche de la médecine qui est par tous. C’est-à-dire l’implication de tous avant celle du médecin », témoigne Dania Ebongue, Président de l’Association des blogueurs du Cameroun et intime du Dr Ngou. Pour sensibiliser, le pédiatre 2.0 utilise les vidéos, les directs, les posts, conseils et témoignages.  « Le père des enfants » y manie humour et sérieux. L’aventure commence en 2013. Son engagement pour la santé de l’enfant ne fait aucun doute. « Excellent, compétent, intègre, dynamique, patient » ; « très généreux, pieux», sont les qualités que lui reconnaissent certains de ses confrères. Passionné de médecine et de basketball, l’ex étudiant de la FMSB de Yaoundé 1 mène un combat pour la vie et la survie des enfants. « Si tu te bats pour l’humanité, tu es sûr de ne jamais te tromper », clame-t-il à l’envie. Il prône par-dessus tout, la santé par tous, pour tous. C’est-à-dire, donner les moyens à chacun dans la communauté pour atteindre un niveau de santé optimal par l’éducation et la sensibilisation. « C’est un très beau concept qui marche très bien », poursuit Dania Ebongue. Aussi, le Dr Ngou, « Ce n’est pas le médecin qui fait recette. Ce n’est pas un épicier ».  Il est par ailleurs le Président et fondateur de l’association Green Heart Cameroon. Elle est spécialisée dans la promotion de la santé et la protection de l’environnement. Il a par ailleurs une association qui œuvre pour le don de sang. Le Dr Patrick Ngou a été élu médecin de l’année 2021 par l’Association des médecins du Cameroun.

Dr Shalom Tchokfe Ndoula : le champion de la vaccination

Les collaborateurs du Dr Shalom Tchokfe Ndoula le décrivent comme un esprit brillant, un maniaque du travail. « Il est toujours le dernier à partir et vit presqu’au travail » ; « Le Dr Shalom est tellement épris de travail au point de s’oublier parfois», témoignent certains. La pandémie de Covid-19 et la vaccination contre ce virus l’ont mis sur les feux des projecteurs. En tant que Secrétaire permanent du Programme Elargi de vaccination (PEV), c’est donc en partie sur ses épaules que repose la stratégie de vaccination au Cameroun depuis avril 2021. Ce médecin de santé publique doté d’une parfaite maitrise des questions de la vaccination multiplie ainsi les méthodes pour booster la couverture vaccinale et contrer l’hésitation des populations à se faire injecter. La tâche n’a pas été facile pour « ce grand talent », au regard de la montée en puissance de l’infodémie et de la résistance autour de ce vaccin et bien d’autres. Mais aujourd’hui, même si l’objectif de vacciner 20% de la population en 2021 n’a pas été atteint, le Dr Shalom peut quelque peu se réjouir des chiffres : Plus d’un million de personnes vaccinées contre le Covid-19 au pays, dont plus de 100 000 immunisées pendant la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) TotalEnergies. La couverture vaccinale elle, est de 6,7%. « Le Dr Shalom est doté d’un sens d’anticipation, d’une volonté et d’une propension à innover qui forcent le respect et l’admiration », fait savoir un autre collaborateur. Pour lui, le lauréat du Prix ​​​​des champions de la vaccination décerné par le ministère de la Santé Publique en août 2021 est à la fois « Génie, professionnel et manager qui se soucie autant du bien-être de ses collaborateurs». Fort d’une solide expérience, le Dr Shalom est un expert en santé publique axé sur le développement de soins de santé primaires complets, y compris la vaccination, la santé maternelle et infantile, la santé reproductive, la nutrition, l’assainissement et les interventions communautaires.  « C’est l’un des rares médecins qui peut à la fois surfer entre la médecine, les statistiques, l’histoire, les TIC, la sociologie. Aujourd’hui, on peut dire que le programme élargi de vaccination a bénéficié de ces qualités qu’il a su impulser au personnel avec tact et doigté ». En 2021, il a reçu le prix ​​d’Excellence Managériale et celui de la coopération au développement (Province d’Anvers) en août 2019.

Dr Raphaël Bogne : le chantre de la santé préventive

« La dépression ». Il a suffi que le Dr Bogne écrive ce mot mercredi dernier sur sa page Facebook, pour générer un flot de commentaires et de partages. Et il en est de même pour d’autres sujets comme « 7 erreurs à éviter quand on est diabétique » ; « Avoir un seul partenaire augmente le risque d’avoir une éjaculation précoce » ; « La gonococcie ou chaude-pisse » ; « Les crampes vous empêchent de dormir ? Arrêtez de boire le calcium et écoutez ça svp » ; « Voici les premières causes de l’infertilité chez la femme ». C’est que, ce médecin généraliste âgée d’une trentaine d’années a choisi un traineau un peu particulier : La santé préventive. Il y donne ainsi des interviews, vidéos, directs, pour parler des sujets de santé plus ou moins tabous comme le trouble le l’érection, les douleurs du dos, l’automédication. Sur sa page Facebook « Dr Raphael BOGNE » l’ancien pensionnaire du lycée bilingue de Bamenda donne des conseils sur différents sujets de santé. « Il fait un travail formidable de prévention qui doit être suivi et reconnu », affirme l’un de ses confrères. Ladite page est suivie par des milliers d’internautes et il interagit très souvent avec ces derniers et organise de petits jeux concours. Après des études à l’université des Montagnes, il est affecté à l’hôpital de Nkongsamba. Mais, quitte son poste après pour lancer son projet « Allô docteur ». C’est une plateforme médicale en ligne qui offrent des conseils de santé gratuitement, des consultations et soins médicaux à domicile.

Dr Bava Hamadou Boubakary : le pari jeune

La région dont le Dr Bava est le patron sanitaire reste la meilleure dans la vaccination contre le Covid-19. Sa gestion de cette pandémie à l’Extrême-Nord est d’ailleurs très appréciée de tous. Lorsqu’il prend les rênes de la délégation régionale de la Santé publique pour l’Extrême-Nord (DRSP-EN) en 2019, le challenge de ce jeune médecin est grand au regard des états de service probants de son prédécesseur, le Dr Fanné Mahamat, de regrettée mémoire. Mais depuis trois ans, le Dr Bava Hamadou Boubakary s’attèle à pérenniser les acquis en y mettant sa touche de manager « rigoureux dans le travail ». C’est ainsi que l’on a assisté à l’introduction des réunions de validation des données et les réunions de coordination des Districts de Santé. Ce pneumologue a surtout accompagné le parachèvement de la certification du pays libre de poliovirus sauvage ; contribué à la visibilité et mené le plaidoyer pour l’augmentation des fonds dans le cadre de la campagne de Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) et à l’amélioration des plateaux techniques des hôpitaux de la région. Dans cette partie du pays, la plus pauvre du Cameroun, le Dr Bava a aussi redéfini certaines stratégies de lutte contre le paludisme, la malnutrition, la santé de reproduction avec le chèque santé et le Programme élargi de vaccination (PEV).  « C’est un excellent médecin, un modèle, intègre, vrai. Il redonne espoir, rassure, reste disponible pour ses patients, met l’humain au centre de ses préoccupations », témoigne un de ses confrères médecin de santé publique. A côté de ces qualités, « Le Dr Bava est aussi un homme de principe. Très travailleur, il aime les bons résultats et se met au service des autres », ajoute un collaborateur.

Dr Ndom-Ebongue : au service de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires

Lorsqu’il faut sensibiliser et éclairer l’opinion sur les maladies cardio-vasculaires, le Dr Ndom-Ebongue Marie Solange répond toujours présente. C’est que, la cardiologue et membre de la Société Camerounaise de Cardiologie mène une lutte contre ces tueurs silencieux depuis de nombreuses années, aux côtés d’éminents Professeur de médecine comme le Pr Daniel Lemogoum, de regrettée mémoire. Depuis janvier 2021, l’enseignante est le Conseiller Médical de l’hôpital Laquintinie. Ceci, cumulativement avec ses fonctions de Chef service de Cardiologie. « Compétente », « Discrète, remplie d’humilité et d’amour du prochain », elle fait ainsi partie des petites mains qui œuvrent au quotidien au rayonnement de cette formation sanitaire publique. Ses confrères interrogés lui reconnaissent une compétence avérée. Son nom est d’ailleurs revenu plusieurs fois au cours du mini sondage sur les jeunes femmes médecins qui font la différence dans leur domaine. « Elle sait mettre ceux avec qui elle travaille et est très délicate et mesurée dans ses propos », témoigne le Dr Patrick Ngou. On l’a vu aux côtés de l’Association camerounaise des femmes médecins engagées pour la lutte contre le cancer du col de l’utérus. L’ancienne étudiante de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat est par ailleurs la Présidente de l’Association des Médecins du Cameroun (MEDCAMER). Elle avait été élue en juin 2020 pour un mandat de deux ans, avec 64,8% des suffrages exprimés pour la liste de la diplômée de la FMSB de Yaoundé. Et pour ce mandat, elle a fait de la confraternité et du professionnalisme son credo. Le Dr Marie Solange Ndom-Ebongue a reçu le 2e prix du Leadership féminin en Santé au Cameroun en 2020 et l’a dédié « à toutes les femmes qui allient avec dextérité vie professionnelle et vie familiale au prix de nombreux sacrifices ».

Dr Hemes Nkwa : au nom de la promotion de la santé

« Docteur sourire » est son surnom. Et pourquoi ? « Le sourire est pour moi, un partage qui égaye l’âme», explique le Dr Hemes Nkwa. Ce médecin généraliste, diplômée de la FMSB de Yaoundé 1, fait partie de cette jeune génération de médecins qui osent et travaillent à améliorer la santé au Cameroun, en Afrique. C’est d’ailleurs l’un de ses nombreux défis. Dans ce sens, elle participe à presque toutes les campagnes de sensibilisation contre les maladies (comme le paludisme, le choléra, le Covid-19, etc) et la promotion de la santé. Au quotidien et via ses comptes sur les réseaux sociaux et son association dénommée Youth for Health and Development of Africa (YOHEDA), elle apporte les soins et conseils aux populations afin qu’elles aient une meilleure santé. Parce que, « La santé, contrairement à ce que l’on croit, ne se limite pas à la clinique ; c’est-à-dire faire un diagnostic, administrer des soins et prescrire des médicaments. Il faut aussi la promouvoir, l’entretenir », soutient celle qui est par ailleurs titulaire d’un master en relations internationales option Coopération Internationale, Action Humanitaire et développement durable. Une implication dans la promotion de la santé qui se justifie aussi par le fait que « trop de personnes encore n’ont pas accès à des soins de santé primaires, trop de personnes souffrent car n’étant pas suffisamment informées et encadrées », motive-t-elle. La Présidente fondatrice de YOHEDA œuvre également via son association, pour l’information, l’éducation, la communication et la sensibilisation sur les problèmes de santé à travers les réseaux sociaux, les médias traditionnels et l’organisation des campagnes de dépistage et des consultations médicales spécialisées gratuites. Cette « boulimique du savoir », jouit d’une expérience dans les projets ayant trait à la santé publique, à l’humanitaire et au développement. « C’est une travailleuse, engagée à 100% dans ce qu’elle fait, toujours en quêtes de nouvelles connaissances, n’ayant pas peur d’engager de nouveaux challenges. Également sociable et altruiste, elle n’hésite pas à venir en aide quand elle en a l’occasion », confie un proche. Elle est altruiste, Elle s’est vue décerner le Prix de l’excellence féminine par l’ONG Synergies Africaines.

Dr Roger Etoa : pour la cause du médecin

Sa voix porte, ses idées et plaidoyer pour une meilleure structuration du système de santé camerounais aussi. Le Dr Roger Etoa, médecin de santé publique et du travail y consacre d’ailleurs une partie de son temps. Tout comme aux projets de la société civile en lien avec la Couverture santé universelle (CSU), au bien-être des médecins et à une amélioration de leurs conditions de travail. C’est d’ailleurs une cause qui lui est chère. On l’a ainsi vu au four et au moulin en septembre-octobre 2021, dans l’affaire qui opposait l’hôpital Central de Yaoundé à la famille du jeune Hilaire Ayissi Mengue. Le Directeur exécutif du Réseau des médecins de District (REMEDIC) avait ainsi multiplié des sorties publiques pour prendre la défense des médecins impliqués dans cette scabreuse affaire. Tel a aussi été le cas en Juillet 2020. Au plus fort de la lutte contre le Covid-19, les jeunes médecins vont voir leur prime « technicité agent technique » supprimée. Une suppression qui n’est pas de leur goût. Va donc naitre « Le Collectifs des médecins indignés » qui va écrire au Président de la République Paul Biya. L’affaire va faire grand bruit et provoquer une réunion de crise avec les leaders du Collectifs, le REMEDIC et d’autres acteurs du secteur. Les parties vont finalement fumer le calumet de la paix. Toujours pour la cause des médecins, le Chef du Département Médico-social au Port Autonome de Douala depuis 2017 a face au malaise des personnels soignants dans cette pandémie, donné des pistes de solutions pour leur assurer des conditions de travail optimales en période de Covid-19. Depuis la survenue de cette pandémie, ce titulaire d’un master en Santé publique utilise les réseaux sociaux pour sensibiliser sur le respect des mesures barrières et donner son point de vue sur la gestion de la pandémie. Ses tribunes libres sur le Covid-19 faisaient le tour de la toile au plus fort de la pandémie mondiale en 2020. Il a ainsi tour à tour traité de l’immunité collective, de l’impact sanitaire, économique et social du Covid en Afrique et au Cameroun (Le piège Africain du Coronavirus : Pourquoi la pandémie frappe du plus durement le continent noir). Il a aussi milité pour l’allègement du pass vaccinal pendant la CAN TotalEnergies. Selon lui, Omicron pourrait être le dernier grand variant du Covid-19. Même si de nombreux médecins trouvent qu’il est « trop politique », le Dr Etoa, par ailleurs expert en gestion du VIH/Sida, est fort d’une riche expérience dans l’Administration hospitalière, la Médecine générale et du travail ; la Télémédecine (Tele-echographie et Telecardiologie) ; la Coordination Unité de prise en Charge du VIH et Tuberculose ; la Santé publique et bien d’autres.  « Il faut reconnaitre la compétence de la jeune génération », plaide un haut cadre au Minsanté.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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