Cameroun. Ces dangers méconnus qui viennent des maladies zoonotiques
(Lurgentiste.com)- Le Cameroun n’a pas été épargné comme le reste du monde, par le Covid-19. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé publique, au mois d’août 2022, plus de 1200 cas actifs de cette maladie zoonotique la plus répandue ont été notifiés, pour près de 2000 décès. Ce qui fait d’elle un danger pour la santé des populations. Tout comme les neuf autres maladies zoonotiques prioritaires au Cameroun, dont la rage, la variole du Singe, la fièvre de Lassa et la tuberculose.
« Le parc de ces zoonoses est de plus en plus important avec des facteurs comme l’augmentation de la population, les habitudes alimentaires qui entrainent la pérennité de ces zoonoses », indique le Dr Jean Marc Feussom, Secrétaire Permanent du Réseau d’Epidémio-surveillance des Maladies Animales au Cameroun. Pour ne rien arranger, « Beaucoup d’entre elles (la rage, la variole du singe, la grippe aviaire, l’anthrax…) même si elles sont peu connues, sont très importantes parce que si elles arrivent à déclencher une épidémie, l’impact sera vraiment considérable », fait savoir Elisabeth Dibongue, Secrétaire permanent adjoint du Programme national de lutte contre les Zoonoses Emergentes et Re-Emergentes (Pnplzer).
Par conséquent, « Il faut faire attention parce qu’elles sont capables de déclencher une pandémie comme celle que nous avons actuellement », prévient cette dernière. C’est que, 75% des maladies infectieuses au Cameroun sont d’origine zoonotiques c’est-à-dire qu’elles viennent de l’animal. « Ça veut dire que toutes les pathologies émergentes qui sont importantes et ont un impact considérable sur le plan de la santé publique sont des zoonoses. Donc il faut faire très attention », poursuit cette dernière.
Outiller les professionnels
D’où la formation sur la prévention et le contrôle des zoonoses et la communication sur les risques à l’intention des blogueurs et éditeurs de contenus organisée par ce programme, avec le soutien de ses partenaires dont la FAO. « Nous avons commencé à former ces professionnels pour qu’ils nous aident à passer le message auprès des populations sur la réalité des maladies zoonotiques et les enjeux concernant la santé publique. Nous nous sommes dit cette fois ci il faut toucher les blogueurs parce que la communication digitale est devenue très importante. On ne peut pas faire sans. L’enjeu par la suite est que ce groupe de personnes que nous formons nous aident à passer le message auprès des populations afin qu’elles adoptent les bons comportements », détaille la SPA.
Une formation qui vaut son pesant d’or, au moment où la variole du singe fait parler d’elle dans le monde et qu’elle a même été déclarée urgence de santé publique de portée internationale. Le Programme Zoonoses compte donc sur ceux-ci, pour la sensibilisation sur les maladies zoonotiques et une meilleure communication de l’approche « Une seule santé ». C’est-à-dire, « ensemble, selon une approche multi sectorielle, multi acteurs. On doit pouvoir travailler surtout pour améliorer le système de surveillance des zoonoses et surtout améliorer la gestion de ces maladies là pour le bien des populations animales, humaines et des écosystèmes », précise le Dr Jean Marc Feussom, par ailleurs vétérinaire.
Certes, la situation du Cameroun est maitrisée. Mais « comme par nature une zoonose est liée à un agent pathogène qui varie aussi dans un environnement particulier, il faut chaque jour se préparer, renforcer la surveillance et travailler selon l’approche « Une santé » parce que la gestion des zoonoses ce n’est pas une question du vétérinaire, du médecin, du communicateur mais de tout le monde. Et lorsqu’on gère une crise on ne fait pas le buzz autour d’elle », ajoute ce dernier. En tout cas, « nous espérons que les personnes qui ont été formées auront les outils nécessaires pour mettre en œuvre la stratégie de communication sur les risques d’engagement communautaire », dixit Elisabeth Ebongue.