Cameroun. Anémie sévère pour les banques de sang

De nombreuses sanitaires sont régulièrement confrontées à des pénuries du précieux liquide.

Le besoin en sang au Cameroun est estimé à 400 000 poches par an. Or, « Pour l’instant, on est à moins de 25% de cette collecte », regrette le Pr Dora Mbanya, directrice du Centre national de transfusion sanguine (Cnts). En d’autres termes, moins de 100 000 poches sont collectées par an. Soit un déficit non comblé de plus de 300 000 poches par rapport à la demande nationale exprimée.

De janvier à mai 2020, ce Centre a pu collecter 32 328 poches dans les dix régions du Cameroun. En 2018, seules 94 873 poches de sang sécurisé ont été collectées, soit 23,72% des besoins en transfusion sanguine. En 2017, 91 047 poches avaient été collectées dans le pays, contre 82 661 en 2016. « A cause de cette pénurie, beaucoup de Camerounais meurent par manque de transfusion sanguine », déplore le Pr Mbanya. Ce d’autant plus que « près de 20% des poches collectées sont ensuite détruites en raison d’une sérologie positive », relève-t-on au Programme national de transfusion sanguine (Pnts).

Le déficit en poches de sang en terres camerounaises s’explique par plusieurs maux. Le Pnts liste par exemple une très faible implication de la population dans la pratique du don de sang bénévole et volontaire, l’absence de donneurs bénévoles réguliers et fidélisés et l’absence de la culture du don du sang et d’une politique adéquate en la matière au Cameroun. Ces freins ont été recensés dans une étude sociologique réalisée en 2017 par la Société française de transfusion sanguine, en collaboration avec le Pnts.

Au sein des communautés, l’ignorance du public en matière de don de sang, les barrières culturelles et religieuses sont à l’origine des actes de réticences. Morceaux choisis : « Si je donne mon sang, je vais transmettre des péchés » ; « On va se livrer à des pratiques ésotériques avec mon sang ». Dans certaines régions comme à l’Extrême-Nord (qui compte deux banques de sang seulement), les donneurs potentiels se fondent sur leurs croyances religieuses pour justifier le refus de ce geste.

100 000 FCFA pour une poche de sang

Autre frein et pas des moindres, le prix d’une poche. Officiellement, il varie entre 18000 FCFA (avec deux ou trois donneurs) et 30000 FCFA (sans donneurs). Cependant, « Une famille dépense au moins 30 mille par poche de sang parce qu’il y a les examens à faire sur la poche, et l’argent pour le donneur qui prend entre 5 et 10 mille FCFA », explique un médecin. D’après certains garde-malades ces prix peuvent atteindre 100 000 FCFA par poche en fonction des spécificités du groupe sanguin sollicité. « Tel est le cas par exemple avec le groupe 0-. Ses poches de sang sont tellement sollicitées. Ce qui fait que le prix connaît aussi une légère hausse », confie un responsable d’une banque de sang

En tout cas, ce déficit national est à l’origine de nombreux décès maternels liés aux complications hémorragiques et infantiles des suites d’anémie dans la mesure où de nombreux hôpitaux et structures sanitaires sont régulièrement confrontés à des pénuries de sang. Le pays a par conséquent mis sur pied un Centre national de transfusion sanguine, pour que le précieux liquide soit disponible et accessible pour les populations et les patients nécessiteux.

A noter que le thème sous lequel se célèbre la Journée mondiale du donneur de sang ce 14 juin 2021, « Donnez du sang pour faire battre le cœur du monde. Un message qui « souligne la contribution essentielle des donneurs de sang », fait savoir l’Organisation mondiale de la santé. En rappel, la journée mondiale du don du sang a pour objectif de sensibiliser les populations aux enjeux des dons de sang, d’encourager le don du sang et de promouvoir l’importance de cet acte. Elle a été lancée en 2004 par l’OMS.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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1 réponse

  1. 16 juin 2021

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