Cameroun. 521 milliards de F dépensés pour l’achat des médicaments entre 2018-2022
(Lurgentiste.com)- Les médicaments figurent dans le top 5 des produits importés par le Cameroun entre 2018 et 2022. L’information est contenue dans un document de l’Institut national de la Statistique (INS), datant de juillet 2023. De cette « Note sur les relations entre le Cameroun, le G7 et les Brics » dont nous avons eu copie, l’on apprend que le pays a importé les médicaments à partir du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Concrètement, 246 milliards de Fcfa (soit 6% des importations) ont été dépensés pour les importations depuis le G7 et 275 milliards de Fcfa pour les BRICS (5% des importations). Ceci, pour un montant total de 521 milliards de Fcfa. Des chiffres qui viennent en rajouter au fait que le marché local continue à être dominé par les importations et remettre au goût du jour, l’incapacité du Cameroun non seulement à satisfaire la demande sans cesse grandissante, mais aussi et surtout, à s’approvisionner auprès de l’industrie pharmaceutique locale.
En effet, de chiffres officiels, le pays dépend « largement » des importations à 98% pour répondre aux besoins en médicaments de sa population. Donc, seulement 2% des produits pharmaceutiques disponibles sur le marché national sont produits localement. « Ce qui est franchement dommage », regrette le Dr Patrick Eloundou, PDG de Tebimosa Pharmaceuticals, industrie spécialisée dans la production des médicaments génériques de masse.
Avantages
Ce pharmacien industriel affirme donc que « c’est le moment » de dynamiser, consolider ou doper l’industrie pharmaceutique locale. En effet, « Aujourd’hui, nous avons au Cameroun tous les moyens pour développer l’industrie pharmaceutique locale », soutient le Dr Eloundou. Le pays gagnerait ainsi à travers notamment, la réduction de la dépendance aux importations ; la valorisation de la production locale et l’accélération du processus d’import-substitution ; la souveraineté pharmaceutique ; la Création d’emplois et l’augmentation des recettes fiscales, liste le PDG de Tebimosa Pharmaceuticals.
Et ce dernier d’ajouter : « Le développement de l’industrie pharmaceutique locale peut offrir de nombreux avantages économiques et sociaux pour le Cameroun, en renforçant l’autosuffisance du pays en matière de médicaments, en créant des emplois, en améliorant la santé publique et en renforçant la compétitivité du pays sur les marchés internationaux ». L’économiste de la santé Albert Zé est aussi de cet avis. D’après lui, pour inverser la tendance des importations, « Le gouvernement doit mettre en place des mécanismes favorisant la production locale », a-t-il confié à nos confrères d’EcoMatin.
Il en est d’autant plus convaincu que la situation actuelle n’est pas sans conséquences autant pour le pays que pour les populations. Au rang de celles-ci, « La perte de contrôle sur la nature et la qualité des produits importés ». C’est que, « Le système local étant très faible, il est très difficile de maîtriser la qualité des médicaments importés. C’est pourquoi on se retrouve généralement avec certains produits qui sont retirés du marché alors qu’ils avaient au préalable reçu l’autorisation ou parfois pas », explique Albert Zé. Mais ce n’est pas tout. « Ces importations favorisent l’entrée des produits dangereux comme les stupéfiants car n’étant pas suffisamment contrôlés à l’entrée, plusieurs importateurs insèrent ce type de produits », déplore l’économiste de la Santé.