Affaire du bébé calciné. La sortie du préfet du Moungo agace à Eneo qui conteste sa responsabilité

(Lurgentiste.com) – Yves Bertrand Noël Ndjana, le préfet du département du Moungo est formel. La tragédie survenue à l’Hôpital régional de Nkongsamba le 10 mars dernier est d’origine électrique. Selon l’autorité administrative, le nouveau-né de sexe féminin, mort 48 heures après sa naissance, a été calciné alors qu’il se trouvait dans une couveuse qui a pris feu « à la suite des variations de tensions sur le réseau électrique ».

Ledit réseau était instable dans la ville le jour indiqué, apprend-on. Pour le préfet, « Des pannes peuvent survenir dans tous les réseaux », a-t-il par la suite essayé de relativiser. C’était au cours de sa descente au sein de cette formation sanitaire publique le 13 mars, soit trois jours après le drame. À l’analyse, les déclarations du préfet du Moungo tendent à confirmer des accusations alléguées via les réseaux sociaux et les médias contre Eneo, l’entreprise chargée de la fourniture de l’énergie électrique au Cameroun

Enquête interne à Eneo

De sources autorisées à Eneo, l’entreprise a pris les devants et a diligenté une enquête interne à la suite de cet incident pour ne pas se « dédouaner aussi facilement ». De ces « investigations menées à notre niveau, nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que nous ne sommes impliqués ni de près, ni de loin. Nous n’avons rien à voir avec ce dont on nous accuse », confie notre source au sein d’Eneo. Celle-ci assure que les résultats de leur enquête seront publiés dans un deuxième communiqué, « tout en restant solidaires de la famille ». Non sans préciser qu’il était de leur devoir dans un premier communiqué, de témoigner leur réconfort à cette famille endeuillée.

En tout état de cause, Eneo conteste toute responsabilité dans cette affaire au stade actuel des choses. « Le courant qui sort de notre réseau ne peut pas avoir créé ce court-circuit », martèle notre source. Dans une note d’information publiée mardi dernier, l’ONG Mandela Center International semble soutenir cette position. « Aucune couveuse qui respecte les normes internationales avec un système de sécurité segmenté par circuit d’alimentation et protégé par des fusibles ne peut prendre feu de cette manière », écrit l’ONG.

Flou sur les circonstances

Une enquête administrative a été ouverte au ministère de la Santé pour « dégager les responsabilités » de chaque partie impliquée. Une simulation a d’ailleurs eu lieu hier sur le terrain. Du côté d’Eneo, l’on affirme que « Si les résultats des enquêtes nous incriminent, nous ferons profil bas. Au cas contraire, la vérité sera sue ». Soit. À ce jour, les circonstances exactes de ce drame restent floues.

De sources hospitalières, l’hôpital de district de Nkongsamba dispose de cinq couveuses. Trois d’entre elles étaient en fonction au moment du drame. Mais, seule l’une d’elles a fait l’objet d’un incendie ce jour-là. Malheureusement, le nouveau-né qui s’y trouvait n’a pas pu être sorti à temps et est mort brûlé.

Contacté, le directeur de cet hôpital s’est montré réservé sur le sujet. « J’ai risqué ma vie en tirant une couveuse qui était sous tension électrique sans être certain de l’arrêt du compteur central. Nous avons évité le pire », a néanmoins confié le Dr Fulbert Georges Mangala. Le gynécologue-obstétricien ajoute : « Actuellement, nous nous occupons psychologiquement de la famille et de nous-mêmes y compris le personnel traumatisé. Nous sommes tous pris en charge parce que nous avons des experts en santé mentale ».

« Bricolage »

En raison de la position géographique de l’Hôpital régional de Nkongsamba, son service de néonatologie accueille les patients issus de trois régions : l’Ouest, le Littoral et le Sud-Ouest. Ce qui fait de lui un « service très sollicité que nous nous efforçons de le faire fonctionner depuis ». Sauf qu’« En réalité, la néonatologie ne rapporte pas du point de vue de l’économie de la santé. Plutôt, elle consomme, mais permet de garder en vie et laisser vie aux nouveau-nés et prématurés », se plaint une source interne à l’hôpital.

De fait, « Nous avons besoin de soutien pour permettre au service de fonctionner en régime normal comme le demande notre hiérarchie », poursuit-elle. Depuis la survenue du drame, des voix s’élèvent au sein de l’opinion publique nationale pour dénoncer le silence des officiels de la santé. Dans sa note d’information, l’ONG Mandela Center International dénonce : « Cette tragédie est une nouvelle preuve du bricolage du système de santé camerounais ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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1 réponse

  1. 29 mars 2023

    […] Affaire du bébé calciné. La sortie du préfet du Moungo agace à Eneo qui conteste sa responsabil… […]

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