Affaire Dr Kounou Cécile. Un mois de prison ferme pour les coupables

Ils devront par ailleurs lui verser une somme de 1 million 500 mille Fcfa au titre de réparation du préjudice subi.

Coupables des faits de blessures légères, violences à fonctionnaire, trouble dans le service public. Tel est le verdict rendu par le juge dans l’affaire Dr Kounou Cécile, médecin généraliste à l’hôpital de District d’Efoulan contre Mouaboulou Cécile et autres. C’était au cours de l’audience correctionnelle des 16 et 17 décembre 2019, au Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre-administratif. Cette condamnation concerne trois des quatre accusés reconnus coupables.

Il s’agit de Rodrigue Mpouam, Ingénieur à l’Agence de régulations des télécommunications (ART), Ghislain Meleu, fonctionnaire au ministère des Finances (Minfi) et Alphonse Kemph, gendarme. Ils doivent par ailleurs lui verser une somme de 1 million 500 mille Fcfa. En leur qualité de délinquant primaire, le juge les condamne par conséquent à un mois d’emprisonnement ferme. Lesdits prévenus ont jusqu’au 30 décembre 2019 pour relever appel de la décision rendue. Faute de quoi, le jugement deviendra définitif et exécutoire.

Liesse médicale

Dans le milieu médical, même c’est la liesse. « C’est déjà une victoire mais il faut que ce soit définitif et exécutoire parce que sinon ils vont négocier et ils vont faire appel », déclare le Pr Anne Esther Njom Nlend, Présidente de l’Association des femmes médecins (Acafem). Même son de cloche au Réseau des médecins de district du Cameroun (Remedic). « Cette condamnation est un message et un signal fort adressé à tous ceux qui voudront prendre pour cibles les personnels de santé à tort ou à raison », dit le Dr Roger Etoa, son Président.

Cependant, « Même si on ne commente pas les décisions de justice », certains trouvent malheureusement que la sentence n’est pas assez élevée. « Seulement un mois ? C’est petit », s’écrie un médecin. Même sentiment chez un autre. « Rien que ? », se désole ce dernier.  « Je remercie le ministre qui a réussi l’exploit de présenter les médecins comme les boucs et émissaires de ce système défectueux. Je remercie aussi la presse qui participe à désacraliser le médecin aux yeux du public », dit dépité, un autre médecin.

Version des faits

En rappel, le 3 novembre 2019, l’hôpital de district d’Efoulan a été le théâtre d’une de violences. Les accompagnateurs d’un patient s’en sont violemment pris à des personnes travaillant dans ledit hôpital dont le gardien et le Dr Kounou Cécile, médecin généraliste. Elle était de garde. Aux alentours de 21h ce jour-là, les mis en cause sont arrivés à l’hôpital avec une dame souffrant de paralysie d’une partie de son corps. Ils ont sollicité sa prise en charge immédiate. Elle sera finalement admise aux urgences, sous le contrôle d’une infirmière.

Alors que le Dr Koumou Cécile s’occupait d’autres patients, elle aurait entendu des éclats de voix provenant de la salle des urgences. Elle apprendra par la suite qu’un des accompagnateurs de la malade a déchiré la blouse de l’infirmière au moment de la prise des paramètres de la patiente sous prétexte qu’elle faisait mal son travail. Le médecin s’est immédiatement rendu sur les lieux et a demandé aux accompagnateurs de quitter la salle. De plus en plus agressifs, ceux-ci refusent de s’exécuter et se mettent à lancer des paroles désobligeantes au médecin, qui sera contrainte de s’enfermer dans son bureau.

Le Dr Kounou explique qu’en dépit de l’intervention du vigile, ses bourreaux ont fini par ouvrir la porte de son cabinet. Elle se souvient que M. Meleu Ghislain lui a asséné des coups sur son épaule droite. Ce qui lui a occasionné une luxation de l’épaule droite et lui a valu une incapacité temporaire de travail de 35 jours. En guise de défense, Kemph Alphonse et Meleu ont expliqué que le vigile va d’abord leur interdire l’accès avant de se rétracter suite à leurs explications. Une fois la malade installée, ils seront surpris d’entendre le médecin lancer : « sachez qu’après Dieu, c’est moi ici ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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