Administrateurs de santé publique-Médecins. Les raisons de la permanente guéguerre

Olive Atangana
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Les deux catégories de personnels de santé sont pourtant impliquées dans la gestion des hôpitaux.

Yaoundé le 1er février 2019. Dans la salle du restaurant municipal de la Communauté urbaine, pas moins de 9 promotions des administrateurs de la Santé publique du Cameroun sont réunis pour une assemblée générale élective. L’ambiance est bon enfant, tandis que le comité d’organisation s’active ça et là. L’attente du début des travaux se fait longue, et la fatigue commence à gagner les esprits. En fait, ces travaux accusent un retard considérable du fait de leur désir de compter parmi leurs convives, pas moins que leur collègue administrateur civil, le ministre de la Santé publique (Minsanté). Présence qui d’après eux, redonnerait du poids à ce corps de métier de la santé un peu mal aimé et en permanente guéguerre avec les médecins.

Sauf que finalement, leur souhait ne sera pas exaucé: Manaouda Malachie ne sera pas finalement des leurs. En réalité, les administrateurs de santé sont une catégorie de fonctionnaires recrutés et formés pour la gestion et l’administration des formations sanitaires. En d’autres termes, c’est à eux que revient la gestion, le management des structures de santé publique. Et quoi de plus que le décret n°2001/145 du 3 juillet 2001 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de la Santé publique, pour leur conférer ce pouvoir. Lequel stipule en son article 3 alinéa 6 que : « Les fonctionnaires du corps de l’administration de la Santé publique sont chargés de l’administration et de la gestion des structures de la santé publique ».

Seulement, cela ne se traduit pas dans les faits. Non seulement ils ne sont pas nombreux à occuper les fonctions pour lesquelles ils sont aptes, mais aussi et surtout, il règne une certaine animosité entre ce corps et les médecins. « C’est peut-être juste un problème de leadership. Ils disent qu’on ne connait rien or eux même quand ils sont affectés au public ils font des années avant d’apprendre le travail. Lorsqu’on affecte un administrateur auprès des directeurs, ils se sentent menacés et voient en l’administrateur, quelqu’un qui va s’accaparer de leur poste. Ils font donc tout pour ne pas nous utiliser», explique un administrateur de Santé publique.

Et ce dernier de poursuivre: «On a par exemple un aîné sorti en 2007 et qui a déjà fait plus de 10 ans sans être nommé. Un autre qu’on a affecté depuis six ans à l’hôpital régional de Garoua mais qui n’est même pas chef de service. Mais ce ne sont pas tous les médecins qui mettent à l’écart les administrateurs ; certains travaillent avec eux administrateurs comme mon ancien chef de district, Mme la secrétaire générale du ministère, le directeur de l’hôpital régional de l’Est par exemple ».

Arguments et contre-arguments

Selon un médecin responsable d’un hôpital public à Yaoundé, il y’a d’abord la pratique. « Les administrateurs de santé sont une catégorie de personnels dont la formation a été lancée depuis seulement quelques années. Dans la pratique, se sont toujours les médecins qui ont assuré la gestion administrative des formations sanitaires et cela sans problèmes particuliers. Pourquoi cela doit changer aujourd’hui ? En plus dans l’évolution de sa carrière un médecin ne peut–il pas légitimement aspirer à des postes de responsabilités ? ».

Pour d’autres, le problème véritable se situe plutôt au niveau du traitement salarial.  « Un médecin qui gagne moins de 200.000 Fcfa par mois se retrouve obligé de cumuler plusieurs postes dans le privé pour joindre les deux bouts c’est pourquoi on a l’impression qu’ils sont absents des hôpitaux publics. Les quelques uns qui gèrent les hôpitaux sont tenu d’exercer la médecine. Le problème est ailleurs non seulement il faut recruter plus de personnels sanitaires mais il est impératif de revoir les conditions salariales », précise une source au Minsanté.

Cependant, l’instauration d’une catégorie de personnels chargée de l’administration des formations sanitaires n’est donc pas fortuite car, elle visait à garder les médecins à des postes liés uniquement à la pratique de la médecine. En effet, le décret n°2001/145 du 3 juillet 2001 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de la Santé publique en son article 3 alinéas 1 stipule que : « Les fonctionnaires du corps des médecins posent les actes médicaux et les actes subséquents ». Toute chose avec laquelle semble être d’accord un spécialiste de santé publique. « La connaissance du métier le favorise si en plus il acquiert des attitudes managériales adéquates », soutient ce dernier.

Un autre médecin est plutôt critique. « En réalité, le médecin fait sept ans d’études pour faire la médecine et non l’administration. Mais le contexte au Cameroun fait que le médecin s’est formé au management. Du coup, d’autres ne font plus ce qu’ils ont appris parce que l’administration prend tout leur temps. Je connais par exemple les chefs de Districts de santé qui ne font presque plus ce qu’ils ont appris à l’école mais sont plus dans l’administration et la paperasse », regrette notre source.

Quoi qu’il en soit, « La population attend de nous l’amélioration dans le management des structures de santé ; c’est de donner plus dans la gestion de ces structures en termes de ressources humaines, en termes de ressources financières. Nous avons un bon capital et je pense que nous pouvons apporter beaucoup. Evidemment en complément avec tous les autres corps de métier de la santé publique », argue Elisabeth Dibongue, 2e vice-présidente de l’Association camerounaise des administrateurs de Santé publique. Et cette dernière de trancher que : « Nous sommes formés pour mieux gérer les structures de santé ».

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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