690 000 morts de VIH-Sida en 2019 dans le monde

Le rapport sur l’état de l’épidémie que vient de publier l’Onusida note aussi 1,7 millions de nouvelles contaminations. Soit trois plus que l’objectif.

Le bilan sur l’état du VIH-Sida en 2019 est en légère hausse par rapport à 2018. D’après le rapport annuel dénommé « Agissons maintenant » publié par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH-Sida (Onusida) le 6 juillet dernier, 38 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2019, dont 1,7 million de nouvelles contaminations. 690 000 malades en sont morts. Parmi ces nouvelles contaminations, ceux qui constituent les populations-clés paient le plus lourd tribut.

À l’échelle mondiale, 62% desdites nouvelles contaminations ont en effet lieu chez les travailleurs du sexe, les détenus, les usagers de drogue, et les membres des communautés LGBTQI+.  « La stigmatisation et la discrimination, combinées aux injustices sociales, sont des barrières pour ces populations », note l’Onusida. Aussi, « Les communautés marginalisées craignent la violence, les arrestations et doivent dès lors se battre pour avoir accès aux services de santé, notamment ceux en lien avec la contraception et la prévention du VIH», écrit l’Onusida dans son rapport annuel.

Progrès lents, objectifs non atteints

Malgré des progrès « trop lents », les objectifs fixés pour 2020 dans le cadre de la lutte contre cette maladie n’ont pas été atteints. Ce sont le « 90-90-90 ». En d’autres termes, 90% des personnes malades doivent connaître leur statut virologique ; 90% d’entre elles doivent avoir accès aux traitements ; 90% de ces dernières doivent contrôler leur charge virale, la quantité de virus dans l’organisme. Dans le monde, seuls 14 pays ont atteint ce triple objectif 90-90-90 du traitement contre le VIH.

« Nos succès n’ont pas été équitablement répartis dans les pays et entre les pays. Les objectifs mondiaux que nous nous sommes fixés ne sont donc pas atteints », regrette Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. En lieu et place donc de cet objectif espéré, le monde a eu droit à un « 81-82-88 ». « Il faudra que chaque jour de la prochaine décennie, nous prenions des actions décisives pour remettre le monde sur la voie de la fin du sida en 2030 », estime la directrice exécutive.

Inégalités et disparités

Selon l’organisation onusienne, les inégalités et les disparités dans le monde sont les principales causes de cette situation. En fait, si elle s’améliore en Afrique de l’Est et australe (38% de nouvelles infections en moins par rapport à 2010), elle empire en Europe de l’Est et en Asie centrale (+72% de nouvelles infections depuis 2010) mais également en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Amérique latine.

Autre exemple de la facette inégalitaire de l’épidémie, la place qu’occupent les jeunes femmes dans les nouvelles contaminations en Afrique Sub-saharienne particulièrement. Elles ont représenté 59% des nouveaux malades dans la région. Chaque semaine, 4 500 d’entre elles âgées entre 15 et 24 ans sont contaminées par le VIH. Les jeunes femmes comptent pour 24 % des nouvelles infections au VIH en 2019, alors même qu’elles ne forment que 10 % de la population en Afrique subsaharienne.

Riposte perturbée par le Coronavirus

A en croire l’Onusida, la pandémie de Covid-19 a lourdement perturbé la riposte au Sida et pourrait continuer sur sa lancée. Sur le terrain, la pandémie de Covid-19 a eu un effet sérieux sur les programmes contre le VIH-Sida, où parfois, des traitements contre le VIH, des ressources médicales, du personnel soignant ont été déplacés des programmes VIH vers ceux luttant contre le coronavirus. Ce phénomène qui risque de s’intensifier, pourrait avoir des conséquences dramatiques s’il venait à perdurer.

En réalité, la riposte pourrait également revenir dix ans en arrière au moins, si la pandémie de Coronavirus interrompt gravement les services de lutte contre le VIH, note le rapport. Bien plus. « Une interruption totale de six mois du traitement contre le VIH entraînerait plus de 500 000 morts supplémentaires en Afrique subsaharienne l’année prochaine (2020-2021). Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110 000 morts supplémentaires », prévient Onusida.

Des fonds déplacés au profit du Covid-19

« Nous ne pouvons pas prendre l’argent consacré à une maladie pour traiter l’autre », juge Winnie Byanyima. Pourtant, en 2019, 18,6 milliards de dollars ont été dépensés pour lutter contre l’épidémie à l’échelle mondiale. Ce qui représente 30% de moins de ce qui serait nécessaire pour être pleinement efficace. La situation ne va par ailleurs pas s’arranger sur ce front, puisque la crise du Covid-19 a détourné vers elle de nombreux fonds.

« La lutte contre le VIH et celle contre le Covid-19 doivent toutes les deux être correctement financées si l’on veut sauver un grand nombre de vies », martèle la directrice exécutive. Pour elle, « Nous devrons mener des actions efficaces chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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